La légende du Barde Kian ou Gwenc'hlan
Parmi les poèmes populaires chantés en Bretagne, il existe un fragment qui a pour titre : Prophéties de Gwenc'hlan, surnom d'un Barde du 6ème siècle, dont le véritable nom est Kian.
Voici ce que la Tradition nous apprend au sujet de ce poète.
Gwenc'hlan fut longtemps poursuivi par un prince étranger, qui, s'en étant emparé un jour, lui fit crever les yeux et le jeta dans un noir cachot où il le laissa mourir ; mais le Barde en expirant lança contre le prince une imprécation qui ne fut pas sans effet, puisque bientôt après le prince fut frappé de mort sur un champ de bataille !
Voici ce que nous dit, dans son Introduction, Hersart de la Villemarqué au sujet de ce Barde :
"Gwenc'hlan prédit avec une joie féroce qu'un jour les hommes du Christ seront traqués et hués comme des bêtes sauvages, qu'on les égorgera en masse ; que leur sang, coulant à flots, fera tourner la roue du moulin et qu'elle n'en tournera que mieux. Ce n'est point la chair pourrie de chiens ou de moutons, c'est de la chair chrétienne qu'il nous faut."
Puis, dans une poétique imprécation, il voit le chef armoricain attaquer son rival ; il l'excite ; l'ennemi tombe baigné dans son sang ; il voit son cadavre abandonné sur le champ de bataille devenir la pâture des oiseaux de proie ; il livre sa tête au corbeau, son coeur au renard, et son âme au crapaud, symbole du génie du mal.